jeudi 4 juillet 2013

Billet d’humeur : Face au socialisme, les chiffres ne comptent pas. (Source: Contrepoints)

Auteur : Yul
Mise en ligne : 5 juillet 2013

Je voudrais dire à mes amis libéraux que si vous pensez que le sociétal est une diversion des socialistes afin de détourner l'attention de leur impuissance sur le plan économique, vous vous leurrez complètement. C'est que vous avez trop tendance à tout voir par le prisme économique. Les socialistes ne sont pas impuissants sur le plan économique, ils pourraient très bien remettre le pays sur les rails s'ils le voulaient. En faisant, par exemple, ce que vous préconisez. Ils sont à la tête de l’État, ils font les lois. C'est que si pour certains libéraux aujourd'hui, tout à tendance à relever de l'économie, pour eux tout est politique. Et même : social. Ce sont des socialistes... Il n'y a pour eux de problèmes que sociaux, et un problème social se règle à coup... de "sociétal" et en formatant les gens. Les problèmes économiques n'existent pas réellement à leurs yeux. Dans le meilleur des cas ils feront du keynésianisme, ils mentiront sur le nombre de chaussures produites comme dans ce célèbre passage de 1984, et parleront incessamment de l'emploi, parce que l'emploi, c'est social. Par économie, j’entends son sens usuel, limité, pas la praxis, ou même l’analyse de la politique en termes de marché ; deux pensées, l’école autrichienne et l’école du Public Choice, au demeurant très pertinentes.


Ce qui compte réellement aux yeux des idéologues socialistes, et il suffit d'entendre des ministres comme Peillon, Taubira, et Najat Vallaud-Belkacem, qui sont très clairs là-dessus, ce n'est pas remédier à la crise, qui pour eux est strictement un épisode extérieur, dépendant de l'activité aux États-Unis, et qui se résoudra d'elle-même, ce qui compte c'est "changer la civilisation". Donc des choses comme le mariage gay ne sont pas des diversions, et je pense que les socialistes planent suffisamment (group thinking) pour ne pas avoir envisagé la réaction que ça provoquerait. En même temps que le mariage gay, ils déploient en ce moment un enseignement de la sexualité très précoce à l'école (6 ans, Najat Vallaud-Belkacem parle de la maternelle), afin de lutter contre les préjugés "phobes", ainsi que d'un formatage visant à empêcher, d'un point de vue comportemental, les garçons et les filles d'être plus tard des garçons et des filles, afin d'obtenir l'égalité parfaite des sexes. Toujours cette obsession de l'égalité. Transmettre des connaissances ne les intéresse pas, on s'en était rendu compte avec la méthode globale et les délires pédagogistes. Ce qui les intéresse maintenant, c'est "déconstruire les stéréotypes". Toujours le sociétal. C'est le cœur de leur action. Les socialistes ne sont pas impuissants, ils ne font pas diversion, au contraire ils sont actifs.

Et les participants aux manifs pour tous, bien qu'étatistes, l'ont plutôt bien compris, contrairement à pas mal de libéraux qui passent pourtant beaucoup de leur temps à protester contre le totalitarisme. Il ne faut pas croire que les manifestants se moquent de l'économie au même titre que les socialistes : bien sûr, ils sont le produit de l'inculture française en la matière, qui est un choix du peuple presque dans son entier, et qui a tant favorisé le socialisme, lequel a su l'aggraver, mais ils sont jeunes dans leur majorité, et parmi eux on compte beaucoup de futurs cadres du privé et d'entrepreneurs. C'est juste la France non socialiste. La vieille France pas spécialement libérale, qui devait son développement économique au refus des politiques de s'occuper de quelque chose de mal élevé comme l'économie. Je crois que la question du mariage ou non des gays est un peu périphérique, c'est une opposition frontale à tout ce qui émane des socialistes sur le plan "sociétal". Au plan économique, l'action socialiste se caractérise surtout par une fiscalité écrasante et du dirigisme maladroit mâtiné de corruption et de com' – rien hélas qui ne sorte de l'ordinaire depuis des décennies.

Bien entendu, il y a aussi des enjeux de propagande et de clientélisme, car en plus d'être des idéologues, les socialistes sont aussi des crapules obsédées par leurs sinécures fastueuses et l'argent des autres. Mais il va falloir accepter que l'économie, ils s'en moquent, qu'elle n'existe pas vraiment à leurs yeux et qu'ils ne la voient qu'à travers le prisme du social (punir les riches, traiter le chômage par l'embauche publique, plus toutes les accusations délirantes). Aussi quand on s'oppose aux manipulations sociales des socialistes, on s'oppose frontalement à eux, on lutte contre le totalitarisme. La question de la dette, des réformes à engager, de la réforme de l’État aussi, ne sera sérieusement posée que lorsqu'il sera mis fin aux délires sociétaux. Et ce sera la crise, probablement, qui s'en chargera, en aggravant tout, pas l'injonction d'observer la dette, même si cette injonction est aussi formulée par la Cour des Comptes. N'estimez pas que l'on aura un débat sain tant que cette génération socialiste sera au pouvoir, y compris dans les médias et l'enseignement. Avec leurs bidouillages, les socialistes ont substitué le sociétal au véritable enjeu : la dette.

La question centrale, c'est un pays bouché, sans perspectives, où l'on cherche la soumission de la population en bidouillant ses cerveaux. La crise que traverse le pays sur le plan économique est une conséquence de la forme marxisante et clientéliste qu'a prise sa culture. Au final, la révolte prendra peut-être une tournure fiscale, comme il y a deux siècles, mais il ne faut pas oublier qu'à l'époque on ne s'est pas tant révolté contre le fisc et la dette – d'ailleurs le roi voulait qu'on parle en priorité de cette dernière aux États-généraux, plutôt que de questions de représentation – que contre le fait que le pays était bloqué, politiquement et socialement. Aujourd'hui, il l'est en plus culturellement. D’autre part, l’histoire du siècle dernier a démontré que non seulement les socialistes s’avèrent capables de se maintenir au pouvoir des décennies malgré une misère noire, mais comme l’a fait remarquer Margaret Thatcher, qu’ils savent exploiter la misère pour renforcer leur emprise, et donc (pour les autres) la recherchent en tant que telle… Au surplus, la dette, Lénine l’avait rayée d’un trait de plume. Pour libérer l'économie, il faut d'abord libérer la culture et politiquement, nettoyer les écuries d'Augias.

Le libéralisme doit aussi s'intéresser à la société et à la culture, aux institutions, à la politique, et mettre en avant sa vocation philosophique et morale fondée sur le droit naturel.

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